TRAVAUX
ACROBATIQUES : Ascension
d'une des flèches de la cathédrale Saint-André,
place Pey-Berland, à Bordeaux en compagnie d'un maçon acrobatique. En haut quelle claque |
Nicolas Gaudé est maçon, tendance
araignée. Ses chantiers sont perchés, seulement accessibles
grâce aux techniques de l'escalade. Il a choisi cette spécialité
sans jamais avoir pratiqué l'alpinisme. Pour lui, c'était
une évolution professionnelle. Nicolas Gaudé est donc devenu
maçon acrobatique. Il travaille pour la société Adret,
spécialisée dans les chantiers aériens légers.
Là où les échafaudages ne vont pas, pour cause d'accès
impossible ou de coût astronomique, lui va, avec ses cordes, son
casque et ses outils pendus au baudrier. |
|
Le lendemain dans les Pyrénées,
pour purger la bouche d'évacuation d'un barrage de montagne, sur
le lac de Caillouas. Dernièrement, il était sur l'une des
flèchesde la cathédrale Saint?André, à Bordeaux,
où nous l'avons suivi. Pour voir comment travaille ce maçon
jamais au pied du mur. |
demandé à Adret d'inspecter le sommet des flèches. Installer un échafaudage aurait pris beaucoup de temps, et coûté autour de 200 000 francs. Les maçons-grimpeurs d'Adret, eux, sont montés en deux heures et pour 5 000 francs. "Quand nous annonçons les tarifs, les clients croient que nous plaisantons". Quand on commence à grimper, en revanche, on plaisante moins. L'ascension de la flèche de la cathédrale se fait sur corde fixe, le long de la paroi extérieure. 85 | mètres
de haut, le vide autour, la ville et son grondement en bas, et cette aiguille
qui ne cesse de s'amenuiser vers le ciel. Beaucoup plus impressionnant que
l'escalade en montagne."On reçoit plein de candidatures de
montagnards qui pensent pouvoir faire ce métier. Mais cela n'a rien
à voir. J'en ai vu un paquet morts de trouille, à ne pas pouvoir
travailler ", affirme Nicolas Gaudé. La corde supporte une tonne en traction. Par réflexe, on s'agrippe |
quand
même aux reliefs qui décorent les arêtes de la flèche.
" Euh... fais gaffe à pas trop t'accrocher, ça peut partir"
Ah bon. C'est si fragile une cathédrale? Vue d'ici par ses pointes et non sa base, c'est effectivement une dentelle peu rassurante. Et le maçon, est-ce qu'il a peur ? " Non, je suis habitué. Enfin... Quand même, quand on arrive en haut de la flèche Saint_Michel, à 116 mètres, on prend une sacrée claque ! " Drôle de gifle également après la |
tempête,
pour les deux ouvriers qui ont escaladé une pointe de flèche
zébrée de fissures où ils pouvaient passer la main...
Là, ils ne plaisantaient plus du tout. " On va toujours travailler avec une poussée d'adrénaline, une pression particulière, reprend Nicolas. C'est pas "une journée de plus " derrière son ordinateur. J'aime ce métier pas ordinaire, j'aime être en hauteur J'ai de la fierté, aussi... Quand on est en haut, woff ! ça envoie !" |