Au sommet de la base... (Photo Thierry David)
A la base sous-marine, des jeunes de Bacalan et Bordeaux-Lac
s'initient aux travaux acrobatiques avant de réaliser un mur d'escalade

WILLY DALLAY

"Le risque, la hauteur, la sensation ! " A 17 mètres de haut, Nicolas, un jeune de Bacalan, n'a pas froid aux yeux. Il fait froid, la pluie mouille, il y a du vent, le béton est gris et pas de sous-marins à l'horizon, mais il s'en fout : " C'est mieux que de rester chez soi à s'embêter. " Sécurité oblige, il a mis un casque... sans enlever sa casquette. Elle fait partie du personnage.
Comme sept autres jeunes de 14 à 18 ans, Nicolas participe à une initiation aux travaux acrobatiques, sous la houlette de trois techniciens d'une entreprise de la Rive droite, la société Adret (1) : Denis Lambert (le patron), Nicolas Gaudé, Franck Remiet. Leur vie n'est pas suspendue à un fil, mais deux. Harnachés comme des alpinistes, ils n'ont pas le piolet à la main, mais la perceuse, le marteau, le burin, le pinceau. Ce sont des ouvriers. Leurs sommets sont les clochers des églises, les cheminées d'usines, les piles du Pont d'Aquitaine, leurs parois sont de verre ou de béton. Leurs jeunes émules ne veulent pas forcément leur piquer leur boulot. Pour l'instant, ils sont au stade du loisir... utile. " A la base sous-marine, ils vont faire un mur d'escalade", explique Jean-Louis Roux-Salembien, responsable du projet " La base en chantier " et directeur du mur d'escalade de Barbey.
LE GRIGRI LES PROTÈGE

" Il vont créer leur propre espace d'animation qui fonctionnera toute l'année, mais avec des temps forts : salon du livre, fête du fleuve, animations d'été. " La réalisation a pris un poil de retard : " Il y avait un problème d'autorisation pour réaliser les équipements, c'est-à-dire la pose des prises", poursuit M. Roux-Salembien.

" Donc, cette semaine, ils ne font que l'initiation aux règles de sécurité, au maniement du matériel. Ils apprennent a se déplacer sur la ligne de vie, à descendre et travailler sur des cordes. Il termineront par une purge du béton qui consistera à enlever les parties friables, les mousses, la végétation. Ils reviendront à Pâques, percer une trame pour mettre les prises.
Et quand tout fonctionnera, il y aura une école de rappel et une école d'escalade. "Cette expérience vertigineuse ne fait pas peur à Romain :
" J'aime la sensation. Et puis on a les stop-chute et les... grigris." Ils font plus que porter bonheur, avec leur frein intégré. " La sécurité est toujours double, avec deux cordes", se plaît à rappeler Jean-Louis Roux-Salembien. " Il faut bien comprendre que c'est prévu pour des gens qui ont les mains occupées avec leurs outils. C'est finalement aussi sûr que l'escalade.
LIGNE DE VIE

C'est une action inter-quartiers qui profite à des jeunes de Bacalan et des Aubiers", note Bernard Chauvin, directeur du centre d'animation de Bacalan (2

Projets béton
Autrefois vouée au gris et au vert de gris, la base sous-marine reprend des couleurs au gré des expositions et des spectacles. Equipée d'une salle elle est en permanence ouverte à la danse et au théâtre. D'ici juin, la collection de bateaux va revivre aux yeux

 

 


Jean-Pierre Jamay, directeur de la base sous-marine, la voit d'un bon oeil : ".Dans ce qui est devenu un lieu pluri-culturel, c'est une animation de plus." Contrairement à ses apparences de coffre-fort, la base "est un espace très ouvert ". Après la salle de spectacle, la collection de bateaux et le retour aux sources historiques (lire ci-dessous), la base va gagner une dimension sportive, avec ce mur d'escalade : " Et une dimension sociale,, ajoute Jean-Pierre Jamay. Ce sera l'occasion de refermer quelques cicatrices, de s'intégrer au quartier.
"Vous savez, pendant la guerre, Bacalan a souffert à cause de la base. Il y a eu des bombes et des morts."
Suspendre des vies à des fils sera une manière symbolique de retisser des liens.

(1) La société Adret est implantée à Ambarès et Lagrave
(2) Les jeunes des Aubiers, viennent du Centre social et culturel du Lac




des visiteurs, avec un gros "plus" régional sur la plaisance en Aquitaine. Enfin, bientôt la base sera un rendez-vous de l'histoire et du souvenir, avec visites commentées de ce qui fut une machine de guerre. Des aménagements sont réalisés pour l'accueil du public.