JEAN-DENIS
RENARD
La base a beau être sous-marine, elle affiche
une sacrée altitude au-dessus du plancher des vaches. Une
petite vingtaine de mètres au total, pour ce cube aux falaises
de béton qui surplombe les bassins à flot de Bacalan.
Autant dire que, pour des débutants, l'escalade a de quoi
impressionner.
Apprivoiser le vide, c'est pourtant le pari que s'étaient
fixé hier Saliou Baldé, Yohane Gamiette et Achraf
Essayeh. Tous trois domiciliés aux Aubiers, ils s'exerçaient
dans le cadre d'une opération mitonnée de conserve
par le Centre social et culturel du Lac, le mur d'escalade Barbey,
la base sous-marine et l'entreprise Adret d'Ambarès, spécialisée
dans les " travaux de funambules " : créer une
voie d'escalade sur les faces extérieures du bâtiment,
et en profiter pour s'initier aux techniques de chantier entre ciel
et terre.
Les grimpeurs n'en sont pas à leur
premier contact avec les parois lisses de la base.
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L'an dernier, un
nouveau mur d'escalade a vu le jour, non loin de l'entrée de
Marinexpo (1). Cette fois-ci, le projet est encore plus ambitieux.
" Nous voulons aménager une traversée, un parcours
en boucle dont une partie empruntera un passage au-dessus de l'eau",
explique Boris Darbas, animateur et moniteur d'escalade au mur de
Barbey, qui assiste sur place les jeunes dans leur entreprise.
Dénommé " via cordata " mais de type "via
ferrata'', dans le petit monde des adorateurs du mousqueton, l'itinéraire
sera, comme son, nom l'indique, balisé de cordes statiques
qui aideront les impétrants dans leur progression. "
Ce parcours fera à peu près 350 mètres en boucle.
Il offrira des difficultés physiques réduites. Nous
souhaitons toucher un large public. L'objectif, c'est que tout soit
prêt pour cet été ", ajoute Boris Darbas.
SCELLER
DES BARREAUX
Seulement voilà, aménager un
tel jouet pour les spider (wo)men
de tous poils ne se résume pas à
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bâiller aux
corneilles, le derrière posé dans un baudrier. Les travaux
préparatoires de nettoyage sous les pare-bombes ont démarré
en février. Cette fois-ci; Saliou, Yohane et Achraf ont dû
se décarcasser pour poser des jalons sur la face ouest de la
base sous-marine, en l'occurrence le côté bassin à
flot.
Pour éviter le grand plouf, ils étaient non seulement
secondés par Boris Darbas, mais aussi par Nicolas Gaudé
de l'entreprise Adret. Tout avait été prévu pour
garantir leur équilibre dans une stricte application des règles
de sécurité communes aux travailleurs du vide.
Il a ensuite fallu que les trois compères
scellent des barreaux de fer à la colle chimique dans ce béton
vieux de cinquante ans, et tout de même conçu pour résister
aux bombes alliées... Pas vraiment une sinécure pour
des débutants. L'escapade s'est malgré tout déroulée
sans anicroches. Le trio pourra se targuer d'avoir " inventé
" la " voie cordata " de la base sous-marine. Plutôt
classe, non ?
(1) Notre édition du 25 février 1999.
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