JEAN-DENIS RENARD

La cathédrale Saint- André n'en finira donc jamais avec les échafaudages. Alors que la tour nord-est est encore emmaillotée par les étais, c'est la flèche de sa consoeur nord-ouest, datée du XIVe siècle, qui va bientôt connaître les joies de la restauration. Contrairement aux campagnes menées depuis plusieurs années sur bien des parties de l'édifice, on va cette fois intervenir en urgence. Sans doute à compter de décembre ou de janvier prochain, pour colmater une fissure qui bée sur une dizaine de mètres de hauteur. La très mauvaise surprise a été découverte par les maçons voltigeurs de la société Adret qui, spécialisée dans les travaux acrobatiques légers,


Cathédrale Saint André

Une fente d'une dizaine de mètres de haut a été décelée sur la flèche nord-ouest de la cathédrale. Cerclée en urgence, elle va faire l'objet d'importants travaux


les acrobates d'Adret ont détecté le désordre de maçonnerie sur la flèche en
se hissant au sommet à l'aide de techniques d'escalade (Photo D amienLafargue)

avait été missionnée par la DRAC (1) pour établir un diagnostic approfondi des dégâts de la tempête du 27 décembre dernier sur les parties hautes de la cathédrale.Les grimpeurs de chez Adret s'attendaient surtout à devoir travailler sur le chevet au moyen d'un attirail spectaculaire (notre édition du 8 juillet dernier). Mais en escaladant la volée de barreaux métalliques qui facilite l'accès à la flèche de la tour nord-ouest, ils ont découvert sous leurs pieds, à hauteur des scellements desdits barreaux, une fissuration qui traverse la paroi de part en part. "Cette flèche nord-ouest ne présentait apparemment pas de désordres particuliers. Rien ne pouvait laisser pressentir un tel problème", explique Alain Rieu, le conservateur régional des Monuments historiques à la DRAC. Les hommes de l'art avaient d'une certaine manière raison de ne pas escompter le pire, car il s'avère que la lézarde n'a rien à voir avec la tempéte. Elle remonte sûrement plus loin dans le passé. La flèche avait été restaurée en 1942 et avait fait l'objet d'une intervention ponctuelle au tout début des années soixante.

DES LANIÈRES PROVISOIRES

Prenant la mesure de la gravité de la découverte, la DRAC a demandé à Adret de surseoir au programme prévu. Plutôt que de tirer
une tyrolienne (2) entre le clocher Pey-Berland et une des deux flèches de Saint-André comme ils en avaient initialement l'intention pour le mois de juillet, les acrobates ont entrepris de cercler le haut de la flèche blessée au moyen de grosses lanières. Cette décoration se voit aisément du sol et de la rue Vital-Carles, le matériel utilisé étant de couleur orange.
Cette solution a permis d'éviter la menace qui pendait au nez des touristes et des habitués de l'édifice : la fermeture pure et simple de la cathédrale pour raisons de sécurité. Mais elle ne saurait suffire à l'avenir. Michel Goutal, l'architecte

en chef des Monuments historiques, met au point un dossier de consultation des entreprises afin de remédier définitivement au problème. L'appel d'offres, d'un montant avoisinant les 3 millions de francs, devrait être lancé dans la foulée pour que le chantier puisse être lancé à la fin de l'année-début 2001 au plus tard. Les funambules de chez Adret, quant à eux, vont reprendre le déroulé normal de
"leur " chantier dès le mois de septembre. La tyrolienne promise devrait bel et bien être tirée entre les
tours pour un spectacle de premier choix à l'heure de la rentrée des classes.




(1) DRAC: Direction régionale des affaires culturelles.
(2) Des cordes vont être tirées sur une centaine de mètres entre la tour et le clocher. Les ouvriers accéderont aux pièces abimées du chevet de la cathédrale en se déplaçant latéralement sur ces cordes au moyen d'une poulie.