JEAN-DENIS RENARD
Trois mois après la flèche Saint-Michel (1), la cathédrale
Saint-André a été à son tour équipée
d'un nichoir pour les faucons pèlerins. Au terme de maints
efforts, leur caisse en bois a été hissée par
morceaux à l'intérieur de la flèche est (la
plus éloignée de la mairie) puis assemblée
et arrimée à mi-hauteur de l'édifice, 60 mètres
au-dessus du sol. Assuré par Adret, l'entreprise de travaux
acrobatiques qui fignole en ce moment les réparations sur
le chevet de Saint-André (notre édition du 17 août
dernier), la tâche était passablement compliquée.
Contrairement au sommet du clocher Saint-Michel, dont l'intérieur
est creux et autorise une certaine liberté de mouvement,
les flèches de Saint-André sont encombrées
de poutres et de chevrons, qui ont compliqué l'ascension.
Sanglés dans leurs baudriers, les hommes d'Adret sont parvenus
à leurs fins en cours d'après-midi. Conçu
par Jacques Beauvilain, Jean-Pierre Gans et Robert Guelin, les trois
activistes de la LPO (Ligue de protection des oiseaux),
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ce nichoir risque
de rester vide durant quelque temps. Contrairement à Saint--Michel,
où deux faucons pèlerins ont effectivement été
repérés, les flèches de Saint-André n'abritent
aucun rapace pour l'instant.
C'est bien pour attirer la " clientèle " que cette
chambre au confort spartiate a été fixée en altitude.
Financeur de l'opération, la DRAC (2) en espère un bénéfice
rapide pour la santé du monument.
UN PARI SUR L'AVENIR
" Les faucons pèlerins se nourrissent des pigeons qui
logent dans les hauteurs de la cathédrale et en abîment
!a pierre avec leur bec et leurs fientes. Il y a quinze ans, on avrait
introduit, pour les mêmes raisons, des faucons pèlerins
dans les combles de Notre-Dame de Paris. L'expérience a été
très concluante ", explique Alain Rieu, le conservateur
régional des monuments historiques." Le régime
alimentaire des faucons pèlerins comprend aussi des étourneaux
et des martinets, quand la saison s'y prête. C'est un rapace
qui attaque en vol des proies vivantes. En
piqué, il peut atteindre la vitesse de 300 km/h ",
précise Jean-Pierre Gans,
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qui assistait hier
à la mise en place de son petit bijou. Ceci étant, caisse
ou pas caisse, il n'est pas dit qu'un faucon pèlerin (et a
fortiori un couple nicheur) apprécie la place Pey-Berland au
point de s'y établir durablement. " Le site y est un
peu moins dégagé qu'à Saint?Michel, et un peu
plus éloigné de la Garonne. L'endroit est aussi moins
tranquille ", admet Jean-Pierre Gans.
Le pari lancé par la LPO et la DRAC a toutefois de bonnes chances
de réussite.
La population des faucons pèlerins a tendance à augmenter
légèrement après avoir frôlé l'extinction,
il y a vingt-cinq ans. En Belgique, des expériences similaires
en milieu urbain ont été à 100 % couronnées
de succès. Dans la région. les deux seuls sites choisis
(3) sont séparés par 300 mètres à tire
d'aile.
Reste à espérer que la "
bande de Saint-Michel " ne vienne pas chercher noise aux futurs
habitants de Saint-André...
(1) Notre édition
du 20 juillet 2000.
(2) DRAC: Direction régionale de> affaires culturelles.
(8) Un industriel girondin établi au nord de Bordeaux a également
fait installer un nichoir.
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