CATHEDRALE SAINT-ANDRE
Un nichoir pour les faucons
Un nichoir pour les faucons pélerins a été intallé dans
l'une des deux flèches de la cathédrale.
On espère qu'un couple y élira domicile pour en chasser les pigeons



Acrobatie en altitude pour les gens de chez Adret, qui ont dû hisser les éléments du nichoir
au milieu d'un enchevêtrement de poutres (Photo Guillaume Bonnaud)

JEAN-DENIS RENARD


Trois mois après la flèche Saint-Michel (1), la cathédrale Saint-André a été à son tour équipée d'un nichoir pour les faucons pèlerins. Au terme de maints efforts, leur caisse en bois a été hissée par morceaux à l'intérieur de la flèche est (la plus éloignée de la mairie) puis assemblée et arrimée à mi-hauteur de l'édifice, 60 mètres au-dessus du sol. Assuré par Adret, l'entreprise de travaux acrobatiques qui fignole en ce moment les réparations sur le chevet de Saint-André (notre édition du 17 août dernier), la tâche était passablement compliquée. Contrairement au sommet du clocher Saint-Michel, dont l'intérieur est creux et autorise une certaine liberté de mouvement, les flèches de Saint-André sont encombrées de poutres et de chevrons, qui ont compliqué l'ascension. Sanglés dans leurs baudriers, les hommes d'Adret sont parvenus à leurs fins en cours d'après-midi. Conçu par Jacques Beauvilain, Jean-Pierre Gans et Robert Guelin, les trois activistes de la LPO (Ligue de protection des oiseaux),

ce nichoir risque de rester vide durant quelque temps. Contrairement à Saint--Michel, où deux faucons pèlerins ont effectivement été repérés, les flèches de Saint-André n'abritent aucun rapace pour l'instant.
C'est bien pour attirer la " clientèle " que cette chambre au confort spartiate a été fixée en altitude. Financeur de l'opération, la DRAC (2) en espère un bénéfice rapide pour la santé du monument.

UN PARI SUR L'AVENIR

" Les faucons pèlerins se nourrissent des pigeons qui logent dans les hauteurs de la cathédrale et en abîment !a pierre avec leur bec et leurs fientes. Il y a quinze ans, on avrait introduit, pour les mêmes raisons, des faucons pèlerins dans les combles de Notre-Dame de Paris. L'expérience a été très concluante ", explique Alain Rieu, le conservateur régional des monuments historiques." Le régime alimentaire des faucons pèlerins comprend aussi des étourneaux et des martinets, quand la saison s'y prête. C'est un rapace qui attaque en vol des proies vivantes.
En piqué, il peut atteindre la vitesse de 300 km/h ", précise Jean-Pierre Gans,

qui assistait hier à la mise en place de son petit bijou. Ceci étant, caisse ou pas caisse, il n'est pas dit qu'un faucon pèlerin (et a fortiori un couple nicheur) apprécie la place Pey-Berland au point de s'y établir durablement. " Le site y est un peu moins dégagé qu'à Saint?Michel, et un peu plus éloigné de la Garonne. L'endroit est aussi moins tranquille ", admet Jean-Pierre Gans.
Le pari lancé par la LPO et la DRAC a toutefois de bonnes chances de réussite.
La population des faucons pèlerins a tendance à augmenter légèrement après avoir frôlé l'extinction, il y a vingt-cinq ans. En Belgique, des expériences similaires en milieu urbain ont été à 100 % couronnées de succès. Dans la région. les deux seuls sites choisis (3) sont séparés par 300 mètres à tire d'aile.

Reste à espérer que la " bande de Saint-Michel " ne vienne pas chercher noise aux futurs habitants de Saint-André...

(1) Notre édition du 20 juillet 2000.
(2) DRAC: Direction régionale de> affaires culturelles.
(8) Un industriel girondin établi au nord de Bordeaux a également fait installer un nichoir.