Les parchemins vont retourner au sommet de la flèche, en compagnie d'un nouveau de 2001 (Photo Fabien Cottereau)
CATHEDRALE SAINT-ANDRE
Deux parchemins découverts
Datés de 1810, 1860 et 1942, ils témoignent des travaux de rénovation
de la flèche nord-ouest de la cathédrale. Enfermés dans un tube
de cuivre, ils étaient perchés à 85 mètres de haut

DENIS LHERM

Deux parchemins manuscrits relatant des anciens travaux de rénovation ont été découverts le mois dernier au sommet de la flèche nord-ouest de la cathédrale Saint-André, actuellement en travaux. L'un est daté de 1810 et 1860 (il a servi deux fois), l'autre de 1942. Tous deux étaient roulés ensemble dans un tube de cuivre découvert à l'intérieur d'une sphère creuse, en cuivre elle aussi, de 50 centimètres de diamètre, placée à la base de la croix sommitale, à 85 mètres de hauteur.
Ces parchemins ont été découverts lors de la réparation de la flèche nord?ouest suite à la tempête du 27 décembre 1999.
Envoyée sur les lieux pour effectuer une mise en sécurité de la flèche, l'entreprise de travaux acrobatiques Adret a découvert des fissures larges de 3 à 5 cm, sur une longueur de 8 mètres. La direction régionale des affaires culturelles (DRAC) a alors estimé que la flèche nécessitait une réparation plus poussée.

Les seconds parlent de la réparation de la croix "renversée par un ouragan (et) replacée par les soins d'Auguste Labbé, architecte du département" en 1860. La croix était tombée à la sortie d'une messe, faisant plusieurs morts.

Le deuxième parchemin (1942) est plus fourni. Manuscrit, mais en lettres capitales, il raconte par le menu des travaux étalés de 1937 à 1942. La guerre mit le chantier en sommeil, par manque de matériau et de main-d'oeuvre. Puis il fallut le reprendre et le terminer "avec une hâte extrême, un délai expirant le 20 août 1942 ayant été brusquement donné pour remettre l'échafaudage aux autorités allemandes qui l'avaient réquisitionné."

Selon les hommes de l'art, il n'est pas impossible que cette précipitation explique la relative faiblesse de l'édifice révélée par la tempête de décembre 1999.
La croix sommitale comporte de nombreuses écritures. Il s'agit des signatures des compagnons tailleurs de pierre ou ferronniers Marcelin Gaud, Emmanuel Farrand ou Louis Foussirr, datées de 1860, gravées sur une petite boule de cuivre plantée sur l'une des branches de la croix. On peut aussi lire que "la flèche a été réparée par M. Combe, architecte diocésain, an 1810 ".
L'intérêt de ces témoignages est aussi humain. Le parchemin de 1942 livre par exemple le nom d'un M. Ponti, chef de chantier à l'époque, dont le fils est aujourd'hui employé dans l'entreprise chargée de la rénovation (Quelin) !
Au terme du chantier, les deux parchemins regagneront leur haute sphère de cuivre, à 85 mètres de haut. Un troisième leur tiendra compagnie. La DRAC et Quelin vont en effet réaliser un témoignage de la rénovation de 2001, qui sera lui aussi placé dans la sphère, à l'attention des générations futures.
MÉMOIRE DE GUERRE
Fin des travaux en juin
Les travaux, qui ont démarré en décembre 2000, ont entraîné le démontage de la croix en fer placée au sommet de la flèche.C'est lors de l'ouverture de la sphère attenante à la croix que les parchemins ont été trouvés par Yves Depert, tailleur de pierre chez Quelin. Le parchemin le plus ancien (1810) rappelle d'une écriture couchée deux vagues de travaux, les premiers "faits en vertu du décret de sa majesté impériale du 25 avril 1808 ". La remise en état des parties hautes de la flèche nord-ouest de la cathédrale Saint-André, sévèrement touchée par la tempête du 27 décembre 1999, devrait être achevée en juin 2001. D'un montant de 4,3 millions de francs, financés à 100 % par l'État (avec la DRAC en maîtrise d'ouvrage), ils portent sur la restauration des pinacles et la reprise des fissures constatées au sommet. Ces dernières étant d'ailleurs antérieures à la tempête. La pointe de la flèche a dû être entièrement démontée sur 11 mètres de hauteur, la croix sommitale et les pierres étant descendues unes à unes (vingt-trois rangées de huit pierres). La croix en fer va elle aussi être rénovée : dorure des sphères en cuivre, soudage des trous et piqûres de rouille, ponçage et passage au goudron incolore.